La « croqueuse d’hommes »
C’était au matin de la dernière journée d’un « road trip » où nous étions allés faire le tour de la Gaspésie. Nous nous étions arrêtés à la halte municipale de Kamouraska, pour y déjeuner.
C’est alors qu’une dame est venue nous voir. Avec un sourire en coin et une lueur de malice dans les yeux, elle s’est présentée comme étant une « croqueuse d’hommes ». Elle nous a expliqué qu’elle était artiste peintre et qu’elle s’amusait à faire le croquis d’hommes, trouvant trop compliqué de faire ceux de femmes (qui trop souvent n’étaient pas contentes du résultat). À ma grande surprise, elle m’a demandé de pouvoir faire le mien. Plus amusé qu’autre chose, j’ai accepté.
Une fois le croquis terminé, elle est venue me l’offrir. Elle l’avait intitulé K«AMOUR»ASKA, nous faisant remarquer que dans le mot « Kamouraska », il y a le mot « amour ». Nous en avons profité pour lui poser quelques questions, curieux d’en apprendre un peu plus sur cette « croqueuse d’hommes » si sympathique.
Comme elle paraissait un certain âge, mais en forme et très alerte, je lui demandai son âge : 89 ans. Inutile de vous dire que nous en fûmes impressionnés. Elle paraissait en avoir au plus 70 à 72. Elle nous expliqua que tout l’été, elle se promenait à travers la province à bord de son campeur, pour peindre ou donner des formations. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle était à Kamouraska. Et que l’hiver, confinée à sa résidence pour personnes âgées, elle se rendait au centre commercial pour y « croquer » des passants.
Je n’ai pu m’empêcher de vouloir immortaliser cette rencontre. Je devais faire son portrait ! Tout d’abord, elle refusa, mais quand je lui dis que j’étais photographe professionnel, elle accepta. Alors qu’elle prenait la pose, je lui expliquai mon cadrage et nous échangeâmes sur la composition, les points de fuite, l’équilibre des masses, etc… 2 générations que l’Art, l’image, unissait. Un moment inoubliable !
Quand par la suite, nous avons rempli la cession de droits, elle n’as pas voulu me donner sa date de naissance. Pour toutes les autres informations, elle me les donnerait, mais pas sa date de naissance. Je lui ai dit que je comprenais, que je respectais ça et qu’il n’y avait aucun problème.
Au moment de quitter, à bord de son camper, elle baissa sa vitre et me cria « Vincent ! » Et me donna sa date de naissance, en me faisant un clin d’œil, toujours avec cette lueur espiègle dans les yeux et ce sourire aux lèvres. Je l’ai regardée partir en me disant « Quelle femme incroyable ! ».
Ce sont de ces rencontres qui nous marquent à jamais…
Le croquis
Hélène
Quelle rencontre marquante !! Tu réussis bien à nous faire sentir ton étonnement et une admiration envers cette charmante croqueuse d’hommes.
Le Van Go : un clin d’œil à Van Gogh (entre autres) …?!